Former en environnement numérique

Former en environnement numérique

Quelqu’un m’a dit un jour « Apprendre, c’est produire de l’intelligence« . Cette phrase m’a profondément marqué, et j’ai essayé, dans mon métier de formateur, de toujours pousser ceux que je formais à « produire de l’intelligence » au lieu de stocker « par coeur » des connaissances ou « par photocopie » des supports pédagogiques…

Un commentaire dans un blog sur « l’environnement d’apprentissage personnalisé »

J’ai lu aujourd’hui avec beaucoup d’intérêt un commentaire de @megamaite au sujet d’un clip passionnant :  « L’étudiant connecté »  dans son scoop.it « Mon carnet de bord #ITyPA »
Ce clip est signalé dans le blog Audece’sWay.  
@megamaite et @audece participent comme moi au MOOC ITyPA.

Parmi ses commentaires sur le clip « L’étudiant connecté », @megamaite se pose la question suivante : « 

Peut-on construire et utiliser un « environnement d’apprentissage personnalisé » (EAP) où on n’aurait pas d’espace de publication ? Un EAP dont l’objectif serait de suivre les échanges, les publications  (des autres participants au MOOC) sans y participer (ou alors a minima avec quelques commentaires par-ci par-là) ? Ça serait de la veille alors… Est-ce que ça serait vraiment un environnement d’apprentissage ?

connectivisme

Cette question m’interpelle, elle m’importe…

Elle me renvoie à deux questions : « qu’est-ce qu’apprendre ? » et « comment apprend-on ? »
Ces questions-là me passionnent, elles ont sous-tendu le plaisir que j’ai eu à vivre le métier de formateur pendant plus de 20 ans.

Définition préalable de l’ environnement d’apprentissage personnalisé (EAP)  :

L’EAP se présente comme un système qui encourage l’étudiante ou l’étudiant à prendre le contrôle et à gérer son propre apprentissage. Ce système va donc l’appuyer dans la définition d’objectifs d’apprentissage par la gestion des contenus et des processus la soutenant, ainsi que les communications avec autrui tout au long de sa démarche (définition Wikipedia).

Tentative de réponse à @megamaite

(Précaution préalable : je ne suis pas chercheur en pédagogie ou en sciences de l’éducation, et ce qui suit est peut-être naïf ou dépassé)

1er point : il me semble qu’un EAP n’est pas obligatoirement lié à un espace de publication.

C’est d’abord un système de gestion de SON apprentissage, où il est effectivement prévu que l’on communique avec autrui, mais je n’ai pas lu qu’un espace de publication soit « obligatoire ». Dans le cadre d’un C-MOOC (connectiviste), il peut sembler bizarre que ton EAP ne comporte pas de « partage, de production partagée. Mais on a tous les droits, y compris de procéder par étape, de ne « publier » ses réflexions et travaux qu’après un certain temps.

2ème point : ton EAP n’est pas l’EAP du MOOC, c’est TON EAP, donc…

TU décides ce qui te permet de gérer des apprentissages le plus efficacement.

3ème point : apprendre c’est « produire de l’intelligence »

« Produire de l’intelligence » est difficile sans formaliser hors de soi ce qu’on a en soi, dans sa tête, avec des mots, des images ou des cartes mentales, peu importe.
« Ecrire ses mots » est une solution pour garder trace de ce qu’on pense. Les mots écrits sont la forme privilégiée de production d’intelligence dans notre culture : nous formalisons notre pensée, nous la sortons de nous-même : une pensée mise en mots sur du papier devient lisible et « intelligible » par d’autres.

Avant d’être intelligible par d’autres, une pensée transformée en mots lisibles devient intelligible par soi-même : son auteur peut la manipuler, la retravailler, la voir évoluer et la faire évoluer.
C’est ensuite en partageant avec d’autres les mots qui portent notre « pensée » qu’on confronte notre image mentale avec celle des autres.

écrire

Dans le cas de la question de @megamaite sur « publier ou non », quand on rédige ce qu’on pense, on le fait rarement d’un seul jet. La plupart du temps, mais on rédige des brouillons avant d’aboutir à une version partageable. Il en va de même des versions successives d’un diaporama qui précèdent le moment où on peut le projeter à des collègues pour avoir leur avis avant de le projeter vers un public cible. Rédiger sa pensée pour soi-même remplit la même fonction : on a cette pensée en tête, puis on la verbalise sur du papier pour l’objectiver, la transformer en un objet extérieur à soi qu’on peut alors manipuler, corriger, fignoler…  on « collabore » avec soi-même. Les brouillons qu’on modifie sont déjà des espaces de publication partagée …avec soi-même. En ce sens ils font partie de son « Espace d’Apprentissage Personnalisé ».

4ème point : je lis le Scoop.it de @megamaite…

Et ce scoop.it qui retrace des recherches et des découvertes dans le cadre du MOOC ITyPA est à mon avis très exactement ce qu’on appelle un espace de publication 😉 …et un espace partagé qui plus est puisque nous pouvons y apporter nos commentaires 😉

scoopit Zaraki

Une ressource intéressante et dans le sujet

Apprendre c’est construire et organiser ses connaissances par son action propre », selon l’approche constructiviste : l’apprenant construit sa réalité, ou du moins l’interprète, en se basant sur sa perception d’expériences passées. La connaissance n’est donc pas un reflet de la réalité, mais une construction de celle-ci, notre connaissance du monde se fondant sur des représentations humaines de notre expérience du monde. La connaissance est activement construite par l’apprenant et non passivement reçue de l’environnement. Cette construction est un processus dynamique qui s’échafaude sur les connaissances antérieures pour développer de nouvelles représentations du monde. Cela modifie les schémas mentaux en permanence, ce qu’un individu apprend dépend de ce qu’il sait déjà, et plus il connaît, et plus il peut apprendre, perspective encourageante !
Aussi, du point de vue de la mémorisation, un fait quelconque est d’autant plus vite oublié qu’il s’intègre moins à l’ensemble de la personnalité et aux activités du sujet. On oublie vite tout ce qui n’est pas soutenu par une motivation et ne débouche pas sur l’action.
Comme leur nom l’indiquent, les théories de l’activité ont mis en lumière le rôle joué par l’action comme l’une des conditions essentielles d’efficacité de l’apprentissage.
On n’apprend pas seul, mais il dépend d’abord de vous seul de vous engager activement pour réaliser et mener à bien votre apprentissage.

socio-constructivisme