Les marchands du temple de l’éducation vont tuer les Moocs !

Epidémie de Moocs

Je viens de lire un article sur les Moocs de JM Collomb dans Les Echos.fr avec lequel je ne suis pas d’accord.
Avoir un avis différent n’a jamais tué personne, mais cet article me pousse à réagir sur ce qui se passe depuis quelques semaines ou mois autour des Moocs.

Le mot est dans toute les bouches, et semble la panacée pédagogique du siècle.
Des dizaines, bientôt des centaines de Moocs éclosent chaque semaine. Disons plutôt que des dizaines et des centaines de « choses qu’on appelle Mooc » éclosent chaque semaine.

Mon expérience elearning et Moocs

Je n’ai conduit aucune étude universitaire ou économique sur le sujet mais…

  • j’ai une sérieuse expérience de formateur en mode elearning
  • j’ai un vécu d’étudiant à distance en elearning (campus Unilim)
  • j’ai participé à des Moocs, (xMoocs et cMoocs)
  • j’effectue une veille/curation régulière et déjà ancienne sur le thème des apprentissages et du numérique (scoop.it E-pedagogie, apprentissages en numérique)

Les Moocs ITyPA et Gestion de projet m’ont séduit pour leur qualité, leur « engagement », la présence en ligne et le travail de titan effectué par leurs initiateurs et animateurs. J’y ai vraiment appris, et ils m’ont aidé à consolider mon « EPA » (environnement personnel d’apprentissage) et mon « PLN » (personal learning network).


Logo du MOOC ITyPA2 et logo du MOOC ABCgdp

Les profs/animateurs étaient à l’écoute, ils soignaient les ressources, ils impliquaient des experts, ils s’appuyaient sur une équipe complémentaire nombreuse pour animer, intervenir, corriger, tutorer, gérer le site/plateforme.
Et, ce n’est pas négligeable pour moi, ils démontraient par leur implication une forte envie de faire progresser les apprenants, d’apporter, de partager.

Christine Vaufrey (ITyPA) et Rémi Bachelet (ABCgdp)

Pour mieux comprendre les Moocs 

Des objets qu’on appelle Mooc mais…

Par contre, ce que je repère dans l’énorme éclosion de Mooc actuelle est assez inquiétant :
– on colle le mot MOOC sur toute offre de formation à distance, y compris hybride
– on colle le mot MOOC sur une  offre elearning,  quelque soit le nombre de « clients » visés
– on se suffit pour les contenus de  diaporama atones et tristement commentées
– on bricole des quizz rudimentaires pour les évaluations
– on construit des Moocs sur des plateformes dont les fonctionnalités sont insuffisantes

Difficile de faire mieux pour casser l’image des Moocs…

J’ai même repéré hier un de ces simili-moocs qui fondait sa certitude d’attirer des apprenants pour sur son offre (fort chère par ailleurs) par « l’appât du gain ».

Je souhaite rappeler en passant ce qu’est un MOOC en prenant une définition proposée voici quelques mois dans La Tribune, qu’on ne peut pas taxer d’être un porte parole de l’économie sociale et solidaire :  « Mooc, pour Massive Open Online Courses, autrement dit des cours sur Internet, gratuits et ouverts à tous. »
J’espère que la qualité fera vite la différence et qu’on ne jettera pas les bons Moocs à cause des mauvais, comme le bébé avec…
J’espère que l’effet de mode n’aveuglera pas les décideurs institutionnels et ne les poussera pas à commander des Moocs bâclés pour donner l’impression qu’ils sont dans le vent.

Un Mooc demande un énorme travail de préparation, un espace web2.0 capable d’accueillir des milliers d’utilisateurs, un énorme travail d’animation, des procédures d’évaluation qui sont encore en cours d’invention aux USA comme ailleurs, et DES CONTENUS utiles et sérieux, des ressources attrayantes…

Tout ça est loin d’être gratuit, et le modèle économique des Moocs se cherche encore.

Certains Moocs que je vois éclore depuis quelques temps ne correspondent vraiment pas à ces caractéristiques.

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