MOOC ? xMOOC ? cMOOC ? …le point de vue d’un utilisateur

J’ai participé en automne 2012 au 1er MOOC francophone (ITyPA), je participe maintenant au 1er MOOC francophone « certifiant » (ABC Gestion de projet). 
Dans cet article sans prétention, je souhaite expliquer mon ressenti et mon avis sur ces MOOCs dont on parle tant aujourd’hui dans les média, … et quelquefois sans en savoir grand chose…

Un MOOC, … mais qu’est-ce ?

MOOC = Massive Online Open Courses, littéralement, cours en ligne ouvert et accessible au plus grand nombre.  Les participants aux cours, enseignants et élèves, sont dispersés géographiquement et communiquent uniquement par Internet. Des ressources éducatives libres sont souvent utilisées. Le qualificatif « massif » quant à lui, est lié au grand nombre de participants ; dans le monde anglophone, il arrive fréquemment que 100000 personnes soient réunies pour un cours.

Parmi les MOOCs, on distingue les cMOOCs et les xMOOCs

cMOOC :

Dans les cMOOC, les objectifs d’apprentissage sont ouverts et les participants créent dans une large mesure le contenu. Les cMOOC sont fondés sur la théorie de la connectivité et sur une pédagogie ouverte qui s’appuie sur des réseaux de contenus et d’individus.

“Le connectivisme » est un concept développé par Georges Siemens et Stephen Downes qui proposent de revisiter la question de l’apprentissage à l’ère numérique dans un monde en réseaux. Le texte fondateur, « A Learning Theory for the Digital Age » (Siemens, 2004) considère que l’apprentissage est un processus de connexions au sens large, englobant les connexions neuronales, les connexions entre les hommes, les ordinateurs, mais aussi l’interconnexion entre les différents champs de savoirs. L’idée centrale est la notion de réseaux dans une vision systémique de l’apprentissage.

xMOOC :

Les xMOOC visent à valider les compétences acquises en délivrant un certificat de réussite. Un xMOOC est souvent issu d’une université. Le contenu et les objectifs d’apprentissage sont définis par les professeurs.

ITyPA : mon premier « cMOOC »

J’ai eu la chance de participer activement l’automne dernier à un MOOC gratuit de 10 semaines centré sur la façon d’apprendre avec Internet, sur la pédagogie et les modes d’apprentissage. Il se nommait ITyPA : « Internet Tout y est Pour Apprendre » : http://itypa.mooc.fr/

ITyPA : MOOC « connectiviste »

C’était un MOOC « connectiviste » (on dit un « cMOOC »), très enthousiasmant, très « libertaire », très riche, très collaboratif et productif : les traces de ce MOOC sont réunies dans un site  à l’élaboration construit par des participants et auquel j’ai un peu participé : https://sites.google.com/site/capitypa/ 

Le MOOC ITyPA a été lancé par 4 chercheurs/profs (facs et écoles d’ingénieurs) branchés innovation et pédagogie. C’était le 1er MOOC francophone : historique ! 😉
Il a rassemblé 1500 inscrits et environ 150 participants actifs en fin de MOOC (10 semaines) : la déperdition est traditionnellement forte dans les MOOCs.

ITyPA : participer pour apprendre

Les objectifs des participants ont été définis individuellement, par les participants eux-mêmes.
On trouvait dans ITyPA ce qu’on venait y chercher, mais on le trouvait si on participait activement, si on produisait soi-même en travaillant avec d’autres, en découvrant d’autres personnes (connectivisme) et d’autres approches.
Dans ce MOOC, j’ai travaillé énormément, par envie et par plaisir, et j’ai beaucoup appris ; ou plus exactement j’ai révisé et précisé beaucoup de choses que je connaissais ou savais faire de façon approximative. Je me suis vraiment régalé et j’ai rencontré des gens très intéressants et sympas…

Le MOOC ne comportait pas d’évaluation au sens classique du terme : pas d’examen. On était totalement libre de bosser ou non.
En relisant ce que j’ai « produit », en constatant ce que j’ai amélioré dans mes pratiques de veille, de mindmapping, que j’ai actualisé et renforcé mes connaissances sur les modes d’apprentissages, que je ne « formerais » plus tout à fait de la même façon, etc. Je eux « évaluer » que j’ai réellement avancé.

Sur le plan pédagogique, c’était en tout cas passionnant. Il est extrêmement intéressant de voir comment on peut re-visiter la pédagogie en mariant Freinet, le web2.0, le socio-constructivisme et le « connectivisme » : c’est sans doute dans cet écosystème-là que s’inventent ou se ré-inventent aujourd’hui les modes de formation et d’enseignement de demain.

ITyPA : fonctionnement

Sur le site du MOOC ITyPA, nous avions une explication sur les thèmes de travail de chaque semaine, avec des ressources essentielles et quelques questions pour nos aider à orienter nos recherches, nos réflexions.
Pendant la semaine, par des recherches, par des échanges avec les membres de notre « Environnement d’apprentissage personnel« , par la rédaction de synthèses personnelles ou collaboratives, nous travaillions le thème proposé … ou autre chose d’ailleurs…
  • Note : l’EAP, ou « Environnement d’apprentissage personnel » est un concept essentiel dans le cadre d’un MOOC connectiviste. Un « EAP » est un système permettant à celui qui apprend de gérer ses apprentissage. Ce système comporte à la fois des espaces personnels et des espaces d’interaction avec les autres :
    • un réseau (des personnes avec qui on échange ou dont on suit les publications)
    • un environnement technique qui permet de travailler, de partager, d’échanger, d’écrire, de collaborer, de faire de la veille… etc. Et cet environnement technique est aujourd’hui très marqué par les outils du Web 2.0. 
Le cMOOC s’appuie sur le partage : le principe était de publier ce que nous avions écrit ou dessiné (cartes conceptuelles) pour que les autres participants puissent s’enrichir de nos productions.

Chaque semaine, une conférence vidéo collective réunissait les « profs »animateurs », des « experts/intervenants » et parfois quelques participants qui échangeaient sur le travail de la semaine, le thème de la semaine  à venir, les concepts abordés, les questions posées dans les forums, la « vie » du MOOC…
Ces conférences sont encore accessibles à partir du site CapITyPA (https://sites.google.com/site/capitypa/)

Dans ce MOOC, nous avons eu la chance de croiser des gens exceptionnels, comme Marcel Lebrun, Dave Cormier, Devauchelle, Stephen Downes, Christine Vaufrey (Thot Cursus), et bien d’autres.

ITyPA : un ecosystème sur le web

Le  MOOC ITyPA s’appuyait sur un site/portail du genre Joomla, qui n’était pas une plateforme à proprement parler, mais qui comportait les accès aux « cours » et un forum interne.
Le hashtag #itypa permettait et permet toujours avec Twitter de poster et d’échanger sur le MOOC ITyPA
Dès le démarrage ou presque, de très nombreux blogs ont été créés par les participants pour s’exprimer, raconter leurs difficultés, leurs ressentis, rédiger leurs réflexions et le résultat de leurs travaux. Une production monumentale !

Des participants ont assez rapidement créé des communautés autour du MOOC :

Certaines de ces communautés restent relativement vivantes aujourd’hui, 3 mois après la fin de la session 2012 du MOOC ITyPA.
Et de nombreuses petites communautés de travail collaboratif se sont créées au fil des semaines, pour réfléchir à plusieurs, pour s’entraider, pour échanger. Elles ont utilisé les courriels, les forums, mais aussi les « googledocs et les « framapad« , des supports de rédaction collaborative gratuits, efficaces et intuitifs.

ITyPA : un succès médiatique

On parle de plus en plus du MOOC ITyPA depuis octobre 2012 : il était le 1er MOOC francophone et il a déclenché de très nombreuses publications dans la presse et sur le web tant le concept des MOOCs est stratégique aujourd’hui.

ABC Gestion de projet : mon premier « xMOOC »

e participe depuis hier matin 18 mars 2013 à un autre MOOC, plus classique : Le MOOC « ABC Gestion de projet« .

ABCgdp : un MOOC « classique »

ABCgdp est ce qu’on appelle un « xMOOC », conçu comme ceux qu’organisent les grandes universités américaines depuis un an ou deux, avec des objectifs de compétences pré-définis mesurables.
Il concerne la gestion de projet. Il est gratuit lui aussi. Il dure 4 semaines.
Il demande entre 4 et 12 heures de travail par semaine.
On peut y obtenir un « certificat« , qui est une validation, mais pas encore reconnue sur le plan universitaire.
Deux niveaux sont proposés dans ce MOOC : niveau base et niveau avancé, on choisit celui qu’on souhaite et les évaluations sont différentes.
Le MOOC « ABC Gestion de projet » est organisé par Rémi Bachelet, un maître de conférence de l’école centrale de Lille. Très pro !

ABCgdp : définition des objectifs

Je me suis inscrit au MOOC « ABC Gestion de projet » pour 3 raisons :

  • parce que l’expérience du MOOC ITyPA m’avait convaincu de l’intérêt des MOOCs en tant qu’espace d’apprentissage,
  • parce que le thème de la gestion de projet m’est utile et que je souhaite parfaire mes compétences
  • parce que je suis très curieux de voir comment fonctionne un xMOOC et que je souhaite voir comment on pourrait décliner ou adapter le système pour des modules de certaines formations professionnelles.

Le MOOC « ABC Gestion de projet » rassemble environ 2700 inscrits à son démarrage. Les participants sont localisés principalement de France en Afrique francophone.
Ce nombre est déjà un succès : le thème, très utile, est transverse à de nombreux métiers, le MOOC est gratuit, et la renommée de l’école Centrale a certainement joué aussi : elle rassure.

ABCgdp : un MOOC expérimental

Ce xMOOC est lui aussi une expérimentation avec une étude de chercheurs en arrière-plan pour (j’imagine) voir comment en organiser d’autres ensuite pour que la France et ses grandes écoles ne restent pas à la traîne sur le marché international de la formation …et de la captation des « cerveaux » des pays émergents et des tiers et quart mondes…
Je dis cela de façon un peu brutale, mais j’apprécie sincèrement l’initiative et le super boulot de Bachelet et son équipe sur le MOOC « ABC gestion de projet », comme j’admire le super boulot et la prise de risques des 4 co-auteurs du cMOOC « ITyPA » (Internet Tout Y est Pour Apprendre »)

ABCgdp : fonctionnement

Les cours sont accessibles sur la plateforme Canvas.
Canvas est utilisée par de grands MOOCs américains, elle ressemble un peu à Moodle, mais en moins « collaboratif ».
On y accède à des cours très précis mais pas trop difficiles sur la gestion de projet (GDP) : ils sont découpés en vidéos de 5mn, et on passe sur la plateforme des évaluations en ligne hebdomadaires.
Pour le niveau de base ces évaluations sont des quizz, pour le niveau avancé ce sont des « devoirs » avec un système d’évaluation par les pairs.
Je suis particulièrement intéressé par la façon dont ça va fonctionner. J’ai déjà utilisé ce mode d’évaluation dans la plateforme Moodle avec des apprenants bac +3, ce sont de beaux moment de pédagogie, les résultats sont forts sur le plan de la méta-cognition.

Concrètement, les cours du MOOC « ABC Gestion de projet » sont accessibles en ligne depuis plusieurs semaines et j’ai pu commencer à travailler ceux de la semaine 1 avant le démarrage, pour éviter de me faire coincer par des tâches imprévues.

ABCgdp : un ecosystème sur le web

Le  MOOC s’appuie sur la plateforme Canvas (au centre du système) avec un forum interne, mais aussi sur plusieurs autres espaces web coordonnés :

Tout cela est manifestement géré en expérimentation stratégique. Bravo !

L’analyse des inscriptions, des motivations des participants et du fonctionnement du MOOC est déjà en cours puisqu’on se présente sur le campus et que le tracking est certainement une des fonctionnalités de la plateforme Canvas. … C’est pro !

ABCgdp : c’est parti !

Premier devoir : à rendre en fin de semaine…  Nous sommes déjà mardi !!!
    Au boulot ! 😉

2 réflexions sur “MOOC ? xMOOC ? cMOOC ? …le point de vue d’un utilisateur”

  1. très chouette article ! J’ai suivi l’expérience ITypa mais sans pouvoir beaucoup produire par manque de temps 😉
    Dans ce XMooc, je ne pourrai faire que la partie basique et je suis curieuse de voir ce que les communautés peuvent apporter !

  2. Bonjour,
    Il n’y a pas de communauté Linkedin, c’est une erreur de ma part… dslé. Je vais modifier l’article.
    Mais dans les paramètres de son compte sur la plateforme Canvas, on peut accepter d’être contacté par Linkedin : cocher « Laisser voir aux membres de mon cours/groupe les services liés à mon profil » et cliquer sur Linkedin

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