Collaboratif ou coopératif ? Pas la même chose !
Définitions données par l’Université de Genève :
Travail coopératif : « Dans le cadre d’un travail réalisé de façon coopérative, il y aura une répartition claire du travail entre ses participants. De façon concrète, il sera assigné à chaque élève une tâche claire et concrète. Par la suite, les travaux individuels de chaque élèves seront assemblés et formeront le travail final.
Dans cette forme de travail l’apprenant sera responsable de sa propre production, mais il devra néanmoins apprendre à interagir avec les autres participants afin que le travail final puisse être cohérent. «
Travail collaboratif : « Dans le cadre d’un travail réalisé de façon collaborative, il n’y aura aucune répartition du travail entre ses participants. En effet ces derniers travailleront tous ensemble à chaque étape de l’élaboration du travail. Il sera donc impossible, une fois le travail réalisé, d’identifier le travail fourni par chacun.
Ce type de travail se base sur les capacités de communication et d’interaction de chacun. «
Un exemple concret dans une formation
Courriel envoyé aux apprenants (13 janvier 2006)
Bonjour à tous,
Je m’aperçois depuis quelque temps que beaucoup des sous-groupes de la formation ATIC travaillent en coopératif et non en collaboratif.
C’est vraiment dommage !
Travailler un apprentissage à plusieurs est sans doute 5 ou 10 fois plus efficace que le faire tout seul dans son coin.
Je précise : je dis bien « travailler à plusieurs », ce n’est pas parce que vous lirez ce qu’un autre a rédigé que vous l’aurez assimilé.
Parlons « pédago », puisque vous êtes directement concernés par la pédagogie dans votre métier d’animateur TIC en espaces publics numériques :
« Dans l’apprentissage collaboratif on parle de « collaboration réflexive »(construire et échanger) qui amène les apprenants à questionner leurs propres conceptions. «
C’est un peu jargonneux, j’en imagine qui tordent déjà le nez, mais qu’est ce que ça veut dire ? Je vous cite un texte que je trouve assez clair, et je commente ensuite :
« Dans cette stratégie pédagogique (celle des apprentissages collaboratifs), les travaux portent sur des situations concrètes liées au métier. Ces situations deviennent le point de départ des échanges où les partenaires réfléchissent, co-construisent et partagent leur expérience et le fruit de leurs recherches en donnant à chacun l’occasion de puiser dans la contribution de l’autre les éléments nécessaires pour faire avancer sa propre réflexion sur et dans l’action. Le groupe réussit à co-construire une conception plus intégrée et plus complexe de la compétence visée. »
Je m’explique concrètement :
Quand vous confrontez vos points de vue sur un sujet ou une solution à apporter à un problème, chacun parle à partir de son expérience, de sa culture, de son système de valeur, de ses recherches sur le sujet, de son humeur du moment, etc.
Vous vous imprégniez donc chacun de ce que les autres apportent et pour tomber d’accord vous êtes obligés de faire le tri, de choisir, de hiérarchiser. Votre approche d’une question est beaucoup plus riche et pondérée que si vous la faîtes seul. Et votre compétence est bien plus réelle et complète. C’est vrai que ça demande un peu plus de temps de travail, et de patience et de respect de l’autre, etc.
Mais… cet investissement, ces efforts que je viens de citer, ce sont exactement les ingrédients qui construisent les adultes et les citoyens qui « valent le coup » d’être côtoyés, dans la vie et la société. En tout cas ce sont les qualités attendues d’un animateur – initiateur – responsable… etc.
Et en plus la solution que vous proposez a au moins 5 fois plus de chance d’être correcte que si vous êtes seul à la définir…
Cette stratégie de travail collaboratif est aujourd’hui en pointe dans le monde des entreprises modernes qui consacrent beaucoup d’efforts à organiser le travail des équipes projet de cette manière. La raison en est simple : moins d’erreurs, gains de temps et de coûts, progression sensible des compétence individuelles et collectives, capitalisation de la connaissance simplifiée….
Je me dis aujourd’hui que j’aurais du vous faire découvrir les wikis beaucoup plus tôt dans la formation. C’est sans doute l’outil qui vous manquait pour travailler à plusieurs sans la difficulté de l’accès au document à plusieurs.
Vous ne pouvez cependant pas vous réfugier derrière cela. J’ai vécu la même chose alors que les wikis n’étaient pas encore passés dans les mœurs, et le collaboratif fonctionnait.
Donc…
J’espère vous avoir convaincus, ou au moins sensibilisés. …Et je tiens à ce que vous travailliez en collaboratif !
Bonne suite 🙂
Gilles Le Page